Le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit et Pekuakamiulnuatsh Takuhikan saluent la volonté du ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Steven Guilbeault, d’agir en ce qui a trait à l’avenir du caribou en étant prêt à recommander au gouverneur en conseil un décret de protection de l'habitat essentiel du caribou, tout en reconnaissant l’importance centrale des Premières Nations en regard de cet enjeu.

En effet, dans une lettre du ministre Guilbeault adressée aux chefs innus le 3 février dernier et selon l’information rapportée par de nombreux médias cette semaine, le ministre fédéral conclut devoir recommander la prise d'un décret de protection pour les parties non protégées de l'habitat essentiel du caribou boréal.

Le ministre Guilbeault dit attendre la stratégie provinciale annoncée pour juin 2023 qui devra être « fondée sur la science et […] élaborée en consultation avec les peuples autochtones ». Le dépôt de la stratégie a été reporté par Québec à de nombreuses occasions et arrivera tardivement selon nos Premières Nations, compte tenu de l’état critique de plusieurs populations de caribou qui résulte de la situation déplorable de leur habitat, lequel s'amenuise constamment par le maintien du statu quo en matière de gestion territoriale et forestière.

Déclaration des chefs Martin Dufour et Gilbert Dominique

« Pour nos Premières Nations, il est clair que la stratégie du Québec devra inclure des mesures robustes pour protéger le caribou et restaurer son habitat. Le Québec a d’ailleurs pris plusieurs engagements et mesures touchant la conservation et la biodiversité lors de la Conférence des parties (COP-15) à Montréal en décembre dernier; il se doit maintenant d’être cohérent et faire preuve de courage politique. Sans cela, il ne fait pas de doute que le ministre fédéral de l’Environnement devra prendre sa responsabilité et agir par décret pour bonifier substantiellement cette stratégie. »

Nos Premières Nations sont sensibles aux réalités économiques des acteurs du secteur forestier. Cependant, il faut arrêter d’être dans le déni et prendre acte de la situation réelle, avec un regard objectif et scientifique. Comme le soulignait le rapport de la commission indépendante sur les caribous forestiers en août dernier, les problèmes vécus par Atiku indiquent que le Québec est allé trop loin dans l’exploitation de la ressource forestière et qu’il importe de revoir l’aménagement forestier pour qu’il soit réellement durable. Dans ce sens, les gouvernements du Québec et du Canada se doivent de proposer des mesures pour atténuer les impacts sur les communautés forestières et les aider dans cette inévitable transition.

Nous espérons que les gouvernements sauront mettre de côté les guerres de clochers et qu’ils pourront travailler ensemble pour protéger et sauvegarder Atiku. C’est la survie de notre culture qui en dépend.

Pour terminer, nos Premières Nations s’attendent depuis longtemps à être consultées par le Québec en lien avec la stratégie. D’ailleurs, rappelons que le 24 février 2022, le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit et Pekuakamiulnuatsh Takuhikan ont déposé, à la Cour supérieure du Québec, une demande introductive d’instance en jugement déclaratoire et en injonction contre le gouvernement du Québec pour manquement en matière de consultation entourant les enjeux de protection d’Atiku. Cette procédure, qui a comme toile de fond la préservation d’Atiku sur Nitassinan ainsi que le respect des droits et titres ancestraux des Premières Nations concernées, suit son cours.