À l’issue de séances de discussion qui se sont avérées pénibles et frustrantes, c’est animé d’un sentiment de colère que Pekuakamiulnuatsh Takuhikan doit constater l’échec de sa tentative de collaboration dans le cadre du mandat de médiation confié par le gouvernement du Québec à Me Lucien Bouchard concernant les enjeux soulevés dans le cadre de la certification forestière de Produits forestiers Résolu au Lac-Saint-Jean.

Au détriment de la volonté exprimée par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan au début du processus et au mépris des règles de discussion dans l’honneur et la bonne foi, le gouvernement du Québec et le Grand Conseil des Cris sont sur le point de s’entendre pour l’application, sur le territoire de la Première Nation de Mashteuiatsh, de la lettre Baril-Moses qui a été convenue unilatéralement et sans consultation en 2002 entre les Cris et le Québec.

Pekuakamiulnuatsh Takuhikan s’oppose à la ratification d’une telle entente par le Québec avec les Cris sur le territoire de la Première Nation de Mashteuiatsh.

Rappelons qu’en signant la Convention de la Baie James en 1975, les Cris ont explicitement éteint tous leurs droits ancestraux sur le territoire de la Convention et à l’extérieur de celui-ci. Ils ont même agréé à l’extinction des droits ancestraux des autres Premières Nations sur le territoire de la Convention. Malgré cela et malgré la portée du mandat de Me Bouchard, aujourd’hui, Pekuakamiulnuatsh Takuhikan constate que les intentions des Cris, qui sont apparues à la toute fin du processus, avaient davantage un objectif territorial que de pratiques forestières.

Pekuakamiulnuatsh Takuhikan est très déçu et dénonce fermement cette attitude qui va même à l’encontre des pratiques ancestrales de bon voisinage et de respect entre nations, qui ont pourtant eu cours pendant de nombreuses décennies.

« Nous étions pourtant de bonne foi et très ouverts à trouver, avec le Québec et les Cris, des solutions pour résoudre la problématique reliée à la certification forestière et pour harmoniser les pratiques forestières afin de favoriser la cohabitation entre nos deux nations. Malheureusement, le processus a été détourné de sa trajectoire et nous recevons aujourd’hui une gifle en plein visage », a mentionné le chef Gilbert Dominique.

Pekuakamiulnuatsh Takuhikan demeure ouvert à la recherche de solutions, mais va s’assurer que le tout se fasse dans le respect des droits et du territoire des Pekuakamiulnuatsh, ce qui n’est pas le cas présentement. Pour cette raison, il n’exclut aucune action ou démarche visant à faire entendre raison aux parties impliquées et à faire valoir l’application des règles en vigueur sur le territoire.

La lettre Baril-Moses prévoit l’application, sur un territoire de 7 000 km2, de normes forestières particulières adaptées aux activités des chasseurs, pêcheurs et trappeurs cris à l’extérieur du territoire de la Convention de la Baie James, sur le territoire de la Première Nation de Mashteuiatsh, et a des effets sur la récolte forestière jusqu’au Lac-Saint-Jean.