En tant que chef des Pekuakamiulnuatsh, je tiens à réagir au dépôt de la pétition demandant l'arrêt du projet de minicentrale de Val-Jalbert par le groupe appelé « Alliance Pekuakamiulnuatsh » qui a eu le 18 février 2013 à l'Assemblée nationale du Québec.

Il m’apparaît tout à fait inconcevable, au moment même où la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh est en train de construire et de définir son propre modèle d’autonomie gouvernementale, qu’un groupe prétendant représenter une partie de la population de Mashteuiatsh dépose un tel document auprès d’une institution externe à la Première Nation. Le message exprimé par les signataires de la pétition s’adresse au conseil de bande de Mashteuiatsh. Or, jamais les représentants de ce regroupement n’ont daigné formaliser auprès du conseil de bande de Mashteuiatsh leurs prétentions à l'égard du projet hydroélectrique de Val-Jalbert ni voulu déposer cette pétition soi-disant signée exclusivement par des membres de la communauté.

« Alliance Pekuakamiulnuatsh » n'a jamais tenu d'assemblée de citoyens, que ce soit à Mashteuiatsh ou ailleurs. Il s'agit d'un petit groupe d'opposants partageant une cause environnementale commune et qui s'oppose idéologiquement à toute forme de développement hydroélectrique, le tout fortement alimenté et influencé par l'organisme montréalais Fondation Rivières.

Le leader et porte-parole de ce groupe, Michaël Paul, a dupé la population à plusieurs reprises au cours de la dernière année, en laissant croire qu’il allait pêcher à cet endroit, alors que cette partie de la rivière Ouiatchouan est tout à fait inaccessible pour ce type d’activité. Il fait également croire, depuis près de six mois, que la pétition qu'il pilotait contenait les noms de 500 membres de la communauté de Mashteuiatsh sans jamais en apporter la preuve ni la déposer auprès de ceux qui représentent officiellement et dignement la population de cette communauté. M. Paul a aussi laissé entendre que le conseil de bande allait détourner de l'argent dédié à d’autres fins, notamment aux jeunes et aux aînés, pour financer sa participation dans le projet, ce qui est totalement faux. L’argent requis pour l'investissement de Mashteuiatsh dans le projet sera emprunté à une institution financière et remboursé à même les revenus du projet qui générera en plus des bénéfices nets de près de 22 millions de dollars sur 20 ans.

Le projet de Val-Jalbert constitue pour la communauté de Mashteuiatsh une opportunité importante de développement et de prise en main de son avenir, au même titre que d'autres projets de développement récents. Ce projet est porteur sur le plan du développement socioéconomique pour une communauté qui vise une plus grande autonomie politique et financière ainsi que des liens de cohabitation harmonieux avec son milieu.

Le projet hydroélectrique de Val-Jalbert est issu d’un partenariat unique et prometteur annoncé en 2007 entre Mashteuiatsh et les MRC du Domaine-du-Roy et de Maria-Chapdelaine prévoyant le développement commun de projets énergétiques. Cette entente a permis la création de la Société de l’énergie communautaire du Lac-Saint-Jean qui était responsable de la phase de développement du projet. Pour les phases de construction et d’exploitation, le projet est cédé à une société en commandite appelée Énergie hydroélectrique Ouiatchouan SEC formée des partenaires suivants : Pekuakamiulnuatsh Takuhikan (45 %), MRC de Maria-Chapdelaine (22,5 %), MRC du Domaine-du-Roy (22,5 %) et municipalité de Chambord (10 %).

Dès l’annonce du partenariat en 2007, les projets de Val-Jalbert sur la rivière Ouiatchouan et de la 11e chute sur la rivière Mistassini ont été publiquement identifiés comme les premiers projets à mettre de l’avant par la Société. Des préconsultations publiques ont été tenues auprès de la population du milieu entre 2009 et 2011, dont une séance à Mashteuiatsh le 6 octobre 2009. Ces préconsultations ont permis d’ajuster et de bonifier le projet présenté lors des audiences publiques du BAPE en 2012, auxquelles étaient également conviés les Pekuakamiulnuatsh.

Le projet de Val-Jalbert est en cours de réalisation et ne sera pas arrêté. Pourquoi ne pas adopter une attitude constructive et favoriser sa réussite afin d’en maximiser les retombées positives pour l’ensemble de la communauté. Il s’agit d’un beau projet de développement durable qui mérite d’être mis en œuvre et valorisé.

Clifford Moar
Pekuakamiu ilnutshimau
Chef des Pekuakamiulnuatsh