Suivant le dépôt de son mémoire dans le cadre de la consultation sur la protection du 50 %, la Première Nation ilnu de Mashteuiatsh considère que les prochaines étapes seront déterminantes quant au maintien de sa participation au Plan Nord. « La prise en compte des droits et intérêts de notre Première Nation dans cette démarche vers un Plan Nord est insatisfaisante jusqu’à présent et nous voulons convenir à bref délai de la nature de notre participation et obtenir des engagements fermes de la part du gouvernement du Québec à cet égard », a indiqué M. Florent Bégin, vice-chef aux Affaires extérieures et représentant politique délégué au dossier du Plan Nord.

Il s’agit là de l’une des prémisses évoquées dans le mémoire présenté par la Première Nation ilnu de Mashteuiatsh dans lequel elle réitère sa déception de ne pas avoir été consultée en amont et de façon distincte, eu égard à l’obligation gouvernementale de consultation et d’accommodement, obligation pourtant bien réelle et constitutionnelle. Malgré les mesures transitoires et engagements découlant de l’Entente de principe d’ordre général conclue en 2004 avec notre Première Nation et les gouvernements du Québec et du Canada, ces manquements du Québec par rapport à la consultation avaient également été signalés pour les deux projets de loi visant à modifier la Loi sur les mines, par le dépôt de mémoires transmis au ministre des Ressources naturelles et de la Faune et à la commission parlementaire.

Bien qu’ayant manifesté une ouverture sur le Plan Nord au premier abord, la Première Nation ilnu de Mashteuiatsh avait précisé que cela ne constituait pas un aval à tout ce qui en découlerait et que chaque projet devrait être examiné cas par cas et jugé en fonction de ses impacts spécifiques en regard de Nitassinan, le territoire ancestral. Cela s’applique également à l’engagement gouvernemental de protection du 50 % pour lequel la Première Nation exige d’être consultée de nation à nation, pour ainsi pouvoir analyser et faire valoir les impacts spécifiques — positifs et négatifs — sur le territoire ancestral, en considérant particulièrement la pratique des activités traditionnelles et les territoires d’intérêt ilnu (aires de trappe, parcs, sites patrimoniaux, etc.).

Outre les avis et recommandations présentés dans le mémoire, certaines questions sont également soulevées par la Première Nation qui considère que certains aspects de l’engagement du 50 % nécessitent des précisions et des éclaircissements. C’est le cas entre autres des aires protégées en forêt boréale continue et de la notion d’activités forestières dans la zone du 50 %. À ce titre, la Première Nation tient à rappeler sa préoccupation à l’égard de la survie et du maintien des populations du caribou forestier, espèce de très grande valeur culturelle pour les Pekuakamiulnuatsh.

Le mémoire présente également notre Nitassinan comme la référence territoriale, dont plus de 70 % de son territoire est concerné par la limite du Plan Nord, sur laquelle nous jugerons du bien-fondé des divers projets de conservation, sans négliger les effets globaux de l’application de ces politiques mises de l’avant par le Québec.

« Nous sommes impatients de pouvoir discuter de nos attentes, de nos projets, de la nature des retombées, particulièrement avec l’objectif de définir la participation des Pekuakamiulnuatsh à ce Plan Nord. La poursuite de notre adhésion est indissociable du respect de notre statut de réel partenaire et de la détermination d’engagements clairs et fermes du gouvernement, voilà où nous en sommes », de conclure le vice-chef Bégin.

La Première Nation ilnu de Mashteuiatsh (Pekuakamiulnuatsh) est située au Lac-Saint-Jean. Elle compte 5 189 membres dont plusieurs sont établis dans la communauté de Mashteuiatsh. Le Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean est l’organisation politique et administrative qui représente les Pekuakamiulnuatsh.