Le chef des Pekuakamiulnuatsh, Gilbert Dominique, souscrit entièrement à l’utilisation du terme génocide culturel pour décrire la stratégie d’assimilation du Canada envers les Premières Nations au cours des derniers siècles ainsi qu’à l’une des conclusions de la Commission de vérité et réconciliation du Canada à l’effet que les pensionnats indiens ont constitué un élément clé de cette démarche.

« Comme le mentionne la Commission dans son rapport dévoilé hier, un génocide culturel existe lorsque les structures et les pratiques qui permettent à un groupe de continuer d’exister comme groupe se font détruire. C’est ce qui s’est passé avec les Premières Nations du Canada alors qu’on s’est approprié nos terres, qu’on nous a interdit l’utilisation de notre langue et qu’on a déraciné nos familles, les privant de la transmission culturelle et identitaire nécessaire à l’existence d’un peuple », a affirmé le chef Gilbert Dominique.

À Mashteuiatsh, un pensionnat indien a été ouvert par les autorités fédérales en 1956 et a été contrôlé par les autorités religieuses jusqu’en 1965. Cet établissement, transformé par la suite en résidence, a accueilli des jeunes autochtones de plusieurs communautés au Québec jusqu’en 1988.

« Le pensionnat de Mashteuiatsh a été bâti et géré de la même façon par les autorités fédérales et religieuses que les autres institutions du genre à travers le pays. On a forcé les enfants de nos communautés à le fréquenter et, bien souvent, ceux-ci ont été victimes d’abus sexuels, physiques et de malnutrition. Il s’agit d’une triste page de notre histoire qui nous a conduit à vivre des situations dévastatrices de consommation, de violence et de rejet au sein de nos communautés », a ajouté le chef Dominique.

Pendant longtemps, le sujet des pensionnats a été enfoui, mais on constate aujourd’hui une plus grande capacité de la communauté à en parler, grâce aux importants travaux de la Commission. « Les survivants des pensionnats au sein de nos communautés sont des personnes extraordinaires. Malgré les difficultés immenses et la terreur qu’elles ont vécues, plusieurs ont persévéré et ont pu se réapproprier les éléments de leur culture pour les transmettre à leurs enfants et aux prochaines générations. C’est tout à leur honneur », également souligné le chef Dominique.

Pour le chef Dominique, outre les nombreuses recommandations qu’il contient, il y a trois éléments importants à considérer dans la mise en œuvre de ce rapport, soit de faire connaître la réalité de ce génocide culturel aux générations canadiennes actuelles et futures, de continuer à soutenir les survivants des pensionnats et d’accompagner les communautés et les gouvernements des Premières Nations dans la prise en charge de leurs responsabilités et de leur destinée.

« Nous avons le devoir, y compris nous les membres des Premières Nations, de faire les efforts nécessaires afin de trouver des voies pour permettre une véritable réconciliation entre nos sociétés et mettre derrière nous cette sombre histoire », a conclu le chef Dominique.